Iter Italicum

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Mosaïques du musée de Naples


Les mosaïques du musée archéologique national de Naples, par Léna et Mélissa

I. La mosaïque dans l’Antiquité

A. Technique 

 

tesselle.jpg

La mosaïque est un art décoratif dans lequel on utilise des fragments de pierres colorées, d’émail , de verre ou de pierre ou encore de céramique, assemblés à l’aide de mastic ou d’enduit pour former de motifs ou des figures. Quels que soient les matériaux utilisés, ces fragments sont appelés des tesselles.

Très utilisée pendant l’Antiquité romaine, la mosaïque reste en usage tout au long du Moyen-Age chez les Byzantins, continuateurs des Grecs et des Romains, et pendant la Renaissance.

 

B. Fonction

 

La mosaïque est évidemment décorative et se pose non au mur, comme on a souvent l’habitude de la voir dans les musées, mais au sol. La salle à manger romaine qui a généralement un décor plus sophistiqué que les autres pièces peut organiser les lits de banquet en U autour de la scène représentée au sol par la mosaïque. Ce sont souvent des décors illusionnistes en perspective.

 

II. Gros plan sur deux mosaïques célèbres du Musée archéologique national de Naples

 

A. Mosaïque dite de la bataille d’Alexandre et Darius III

 

http://www.larousse.fr/encyclopedie/data/images/1011544-Pomp%C3%A9i__mosa%C3%AFque_dAlexandre_.jpg

 

Dimensions : hauteur : 3,13 cm longueur : 5,82 cm

Entre sol du musée archéologique de Naples, salle 61

Inv. 10020

 

  • Identification : cette mosaïque fut découverte en 1831 à Pompéi, dans la maison du Faune, une des plus richement décorées. Il s’agit probablement d’une exceptionnelle copie en mosaïque d’une célèbre peinture hellénistique de Philoxène d’Erétrie, mentionnée par Pline l’Ancien. La mosaïque fut exécutée vers 120-100 av. J.-C. (époque de la restauration de la maison), à Pompéi, vraisemblablement par un atelier alexandrin alors en exercice en Italie.
  • Description : la mosaïque représente une bataille entre Alexandre le Grand (partie gauche) et Darius III, le dernier des Grands Rois perses (partie droite). Darius et Alexandre se sont rencontrés 3 fois, mais on admit généralement que la représentation illustre la bataille d’Issos (334 av. J.-C.) qui assura aux Macédoniens la conquête de l’Egypte et de l’Asie, même si l’on dispose de peu d’éléments pour en juger. La scène montre sur la fuite de Darius ; on le voit sur son char, guidé par un cocher qui fouette quatre chevaux noirs. Au centre, un soldat perse offrant sa vie pour sauver son roi, est transpercé par la lance d’Alexandre qui monte Bucéphale, son cheval légendaire. On reconnaît les Perses à leur coiffure particulière, sorte de bonnet phrygien jaune. Les soldats d’Alexandre portent le casque macédonien orné d’une plume et d’une couronne de laurier dorée. Les armes dispersées à terre au premier plan évoquent le désordre et la panique. Les indications du paysage sont peu nombreuses : un rocher et un arbre sec ; ainsi les lances des soldats perses se détachent-elles nettement sur le ciel.
  • Eléments d’analyse : la peinture grecque et hellénistique a presque entièrement disparu et nous est connue surtout par des descriptions antiques. Une mosaïque de ce genre constitue donc un témoignage très important. On y retrouve en effet des caractéristiques de l’original ; une gamme de couleurs limitée à 4 essentielles : ocre, blanc, marron et noir ; l’utilisation du clair-obscur pour rendre les volumes (sur les chevaux par exemple) ; l’éclairage par «taches » sur les visages ; la prouesse du raccourci de l’arrière train du cheval central qui témoigne de la grande maîtrise technique acquise par les maîtres grecs.
  • Restaurations antiques : certaines maladresses flagrantes jurent avec la qualité générale de l’ensemble : par exemple, le visage d’un soldat perse extrêmement maladroit au centre de la composition, le soldat dont l’image se reflète dans le bouclier qui a les jambes à l’envers par rapport à son buste ( http://www.liminaire.fr/local/cache-vignettes/L500xH335/13914651461_407ecb312b_z-7ca59.jpg), les yeux d’Alexandre qui sont un peu trop grands ( http://dumerac.free.fr/blog/wp-content/images/naples//Naples_21.jpg)…



 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Tout cela suscite des interrogations sur la réalisation : s’agit-il de restaurations antiques ? La mosaïque a-t-elle été réalisée ailleurs puis transportée, subissant ainsi des dommages ?

 

  • Technique : Cette mosaïque de sol est constituée de plus d’un million et demi de tesselles de marbre et de calcaire. Elle ornait l’exèdre qui se trouve entre les deux péristyles (à définir) du « palais » pompéien. Elle est exécutée selon la technique de l’opus vermiculatum, qui utilise les tesselles les plus fines afin d’imiter au mieux l’effet produit par la peinture ; comme elle était très couteuse, seuls les plus riches pouvaient se l’offrir.

 

B. Mosaïque de Dioscuridès

 

musiciens ambulants.JPEGhttp://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8419001j/f1.item

 

Nom de l’auteur : Dioscuridès de Samos

Epoque, date : autour de 100 avant J.C.

Mosaïque romaine originale. Dioscuridès s’inspira peut-être des peintures d’origine gréco-asiatique du IIIème siècle avant J-C

Lieu de découverte : dans la villa dite de « Cicéron » à Pompéi

Dimensions : tableautin

 

  • Technique utilisée : mosaïque. Cette technique fut couramment utilisée pour reproduire les tableaux des peintres grecs. Ici la technique utilise le clair-obscur qui permet d’ombrer et ainsi de donner de la profondeur et du relief.
  • Fonction de cette œuvre : elle sert à décorer
  • Le sujet de l’œuvre : ce sont des musiciens ambulants : à gauche, un enfant, qui porte une tunique, regarde les autres danser. Puis une femme joue de la double flûte : les Grecs jouaient en effet de la double flûte, qui comportait un bec en roseau et produisait un son proche de celui du hautbois moderne. Elle porte une longue tunique ainsi qu’un manteau, un masque sur le visage, elle est bien coiffée, elle a les cheveux lisses et propres. A côté, un homme joue des percussions, des cymbales en bronze (qui portent le nom de leur propriétaire). Il a dans les cheveux une couronne faite d’un linge tressé qui alterne des couleurs claires et foncées, avec quelques fleurs. Il porte une tunique, un manteau noué autour des reins et des chaussures assez bizarres. Sur la droite, un homme vêtu de la même manière joue du tambourin : il sourit et danse comme son voisin. Cette scène est inspirée non pas de la vie quotidienne mais de la comédie grecque, qui était accompagnée de musique.

Conclusion

La mosaïque d'Alexandre nous impressionne beaucoup car elle est très grande donc elle a nécessité beaucoup de temps de travail et de patience ; de plus, comme nous l’avons appris, plus il y avait de détails, plus les tesselles étaient petites. C'est particulièrement le cas de la mosaïque de Dioscuridès, où les tesselles mesuraient quelques millimètres de côté ! On pense que pour nous, avoir encore des mosaïques de cette époque est une très grande chance car elles peuvent être sources d’inspiration et nous faire découvrir des histoires à travers elles.


20/03/2016
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